jeudi 23 juin 2011

A little dream

Ils grandissent

Je vous jure

Ils grandissent

Et même, des fois, ils ne sont plus les mêmes

Pour le bien d'eux-mêmes

Car ils deviennent bien,

Quand même,

Avec eux-mêmes

Au bout d'un moment.

Et c'est une chose de partir

Ou de les laisser partir

C'est une chose

Que je ne voyais pas venir

Et ils sont bien

Je vous jure

Tous ensemble

Tout eux-même qu'ils sont

Tout grandis qu'ils sont de ne pas vouloir arracher sa place à l'autre

Parce que ce n'est pas la leur

Et parce qu'ils ont la leur

Et parce qu'ils sont bien

Presque

Avec eux-mêmes

Même qu'ils sourient

Sans qu'on les regarde

Sans le faire exprès

Je vous jure

Et qu'ils n'ont pas peur

Même que ceux qui commandent

Ont arrêté de commander

Parce que ça sert à rien de commander

Parce que ceux qui commandaient

Finissent par s'amuser

Et qu'ils ne pensent même plus à commander

Et c'est une chose de partir

Ou de les laisser partir

C'est une chose

Que je ne voyais pas venir.

lundi 13 juin 2011

[Alphonse Allais] Les pensées

Le rire est à l'homme ce que la bière est à la pression

 

"J'ai toujours eu l'amour des terrasses de café, et la conception la plus flatteuse du paradis serait, pour moi, une terrasse de café d'où l'on ne partirait plus jamais."

samedi 4 juin 2011

Métamorphoses (2)

J’ai treize ans.

J’ai un visage un peu rond, des yeux verts.

Je peux regarder le soleil pendant onze secondes sans cligner des yeux.
Un mot pour décrire ma vie : comme.

Comme tout le monde.

Comme une ado.

Comme une fille. Comme une fille de mon âge.

Comme c’est compliqué.

Comme elle est pénible.

Comme j’aimerais que tu sois comme…  .

Comme tu peux être chiante des fois.

Comme le lundi.

Comme le mardi.

Comme plus loin. Comme ici.


J’ai un chat et zéro chien.
Mon père ne frappe pas. Ma mère ne frappe pas. Mon rire ne trompe pas.
J’ai eu dix-huit en maths. C’était facile.

Je sais parler.

Je sais écrire.

Ecrire ce qu’on me demande.

Ecrire quand on me le demande.

Et quand il le faut.

Et quand je le veux.

J’ai les yeux en face des trous.

Je sais ce qu’on attend de moi.

Dans ma chambre, j’ai un balcon.

On voit des arbres et des oiseaux, le soleil, des étendages et les voisins.

Et il y a du soleil, justement, la plupart du temps.
Je suis dans la vie. En plein dedans.

Mon sourire ne trompe pas... 

mercredi 1 juin 2011

[Haris Rekanovic] Chemins

il existe des chemins

tu en choisis un inconsciemment

tu vas

tu marches

tu avances sur ton chemin

de nombreuses années passent

et tu comprends que tu t'es trompé

en passant par un autre chemin

tu comprends que tout cela est égal

que tous les chemins mènent de la forêt  à la forêt

mais tu sais que les chemins existent

Haris Rekanovic, Index levé vers le ciel


mardi 31 mai 2011

lundi 30 mai 2011

Métamorphoses

Le rocher sur lequel ils se cognent

Le rocher auquel ils s'accrochent

 

Le clapotis des vagues qui viennent

reviennent

        reviennent

reviennent

        reviennent

 

Le rocher sur lequel ils s'appuient

Le rocher sur lequel ils se hissent

 

Et la barque qui les accompagne

Là où ils vont

Et au-delà.

 

oiseau-cage.jpg

 


 


dimanche 29 mai 2011

Je n'aime pas les choses des femmes. Ni celles des hommes.


J'offre un temps d'avance aux mots qui courent:
Je ne suis pas une mère
Je ne crois pas qu'on doive l'être
Je ne crois pas que le monde se présente alors autrement

Je ne veux pas être une mère pour tout ce que ça implique
De solitude
D'intrusion
De fusion insupportable
De regards pervers
D'abandon de son corps à l'enfer de la douleur et du poids de cette insolente présence.

Je ne veux pas devenir mère pour ce que ça implique de devenir
Car je ne veux devenir rien d'autre
Que ce que je suis enfin
Ce corps qui est à moi
Et pour toujours à moi

lui faire violence encore?

Je ne veux pas devenir mère pour tout ce que ça implique de perte de soi
Ce qu'on n'est plus
Quand on est devenu.

Je ne crois pas qu'on doive devenir mère
Comme un cadeau pour les autres
Ne plus être seule avec soi

Céder
Livrer
Trahir

Ici, on devient mère comme on devient femme: parce qu'un jour, on vous le dit. Et c'est comme ça.

On devrait pouvoir être en paix avec soi

mercredi 18 mai 2011

l'arbre et la forêt

l'objet pathétique: Leur manque de courage!

un autre: Le manque de moyens!

un autre: Le manque d'accompagnement!

un autre: Leur manque de motivation....

à l'école et pourtant...

Pas une fois: "comment?"

pas non plus: "pourquoi?"

Et "faisons" ... surtout pas

 

Et moi.

La peur de rater

La peur de les perdre

La peur de la médiocrité

La peur d'effrayer

La peur de lasser

Et la trouille d'avoir peur.

 


lundi 2 mai 2011

. (Point)

Les rêveurs ont coutume de voir au loin des oasis. Le silence alentour les fait taire un beau jour. Le silence de tous et tout le bruit de rien. Les rêveurs, comme les illusionnistes, font tout comme. Comme s’ils ne savaient rien. Rien de ce qui se passera. Ils attendent d’être seuls pour se parler tout bas.

Les rêveurs ont connus monts et merveilles. 


vendredi 29 avril 2011

Depuis que l'Homme

J'ai dans la tête l'histoire d'un soir

Et d'un matin

Qui continueraient le soir encore

Et le matin

Avant le soir suivant et celui du surlendemain

Ce serait l'histoire fâcheuse

Des petits hommes fâchés

Qui marcheraient du soir au matin

Si bien qu'on aurait envie de regarder dehors

Dans l'espoir qu'ils soient encore là.

Ce serait l'Histoire du Soir où ils auraient gagné

Si bien qu'on aurait tous gagné

Avec

Eux

Jusqu'au matin

Et le soir suivant

on aurait peut-être tous crevé

A ciel ouvert

Et détrempés

Toujours la même Histoire.