dimanche 16 novembre 2014

La non existence #3

 

J'ai commencé un jour, je ne sais plus quand, à détester mon corps. Du coup, c'est un peu comme avoir constamment un problème.

 Mon corps se déplace d'un endroit à un autre, il me transporte, me véhicule. J'aimerais pouvoir en descendre, mais ça n'existe pas.

Le corps est là et j'aimerais qu'il soit à moi.

 

 

 Je voudrais vivre en-dehors

Mais je ne sors pas de l'intérieur.

 C'est comme être piégée dans un corps

 Étrange et étranger

 Qui violente la volonté

 Affame

 Et pousse à bout.

 Des images de l'extérieur m'appellent

 Mon corps s'isole et se rétracte quand il est touché.

 Il est comme une mue qui résiste et se fait plus épaisse.

 J'étouffe.

 J'ai mal partout.

Tout ça tourne en rond depuis si longtemps. J'ai l'impression que toutes les questions qu'on se pose s'empilent sans qu'on puisse jamais y répondre. C'est l'enfer au bout d'un moment.

Suite à ça, j'ai continué encore à me regarder dans la glace en y voyant autre chose que moi. J'ai beau faire ce que je peux, ce qui est à l'intérieur n'arrive pas à sortir. Les paroles sont niaises, les rires crispent la mâchoire, les cris sont inexistants, tout est fade et contradictoire. Je ne suis jamais d'accord avec le moi de la veille, j'ai peur d'être en guerre avec celui du lendemain.

Mais ce n'est pas important. Surtout pas pour ceux et celles qui sont à l'extérieur de moi.

De quoi ai-je l'air ?

Au centre, une femme est allongée au sol

 Elle ne bouge que par moments

 Et fait courir ses mains sur son corps

 D'une manière très désordonnée

 Elle bouge puis s'immobilise.

 Les caresses paraissent des frottements

 Par moments

 Puis il ne se passe plus rien

 Elle se contente de sentir le sol sous son corps

 La terre qui la soutient

 Son poids devient rapidement insupportable

 Et soudain elle se tord et cherche à se lever

 Comme si le sol n'existait plus.

 Et il n'existe plus.

 

 Qu'est-ce qui nous porte vraiment sous nos pieds ?

 

mercredi 12 novembre 2014

La non existence #2

 

J'ai comme vous des souvenirs de vacances ratées, de soirées bruyantes. Des vapeurs de maisons fantômes. J'ai des histoires douces qui me reviennent, des saveurs envahissantes dont je ne peux pas me débarrasser. Tout ça qui fait de moi une montagne informe d'anecdotes, de bruit et lumières contradictoires.

 

Suis-je autre chose que tout ça?

 

 

 

Je pense sans cesse à ce qui existe de pire

 Risquer de vivre seule,

 juste parce que je n'ai pas le courage de mourir.

 

Je n'ai jamais cru avoir une réelle existence.

 Même pour moi.

 Je vis dans un siècle, puis dans un autre

Avec l'habitude de me plaindre de ce qui n'existe pas.

 

Tout le monde existe autour,

Les uns et les unes pour les autres.

Et se retournent sans arrêt

Les uns et les unes sur les autres.

 

Je ne suis pas très sûre de ce que je dois regarder.

 

dimanche 21 septembre 2014

Hors les murs

 

Hors les murs

 

Si peu souvent

La merveille qui s'éveille doucement

Le moindre tôt sur la dune

Tard sur la dune

Et les moments se taisent lentement.

 

Loin de ma nuit

Et de ma ville qui s'endort

J'ai peur du vide et les pins grincent dehors.

J'attends le silence dans l'angoisse

Et le ciel noir qui menace

M'amène au bord de l'océan.

 

Ces visions terribles

De noyés et d'arbres crevés

Et de tout ce qui s'est échoué.

 

Je vois ce qu'il cache dessous

Dans cette eau où on batifole

Les méduses, les bateaux et les fous

Les vagues crachées dans le vacarme

La colère qu'il a contre nous

Et la sombre beauté qui s'acharne.

 

samedi 23 août 2014

L'école est un champ de bataille.

Peur de perdre ce qui me reste au monde.

L'école.

Le seul endroit où le monde est monde.

Le seul endroit où ne s'en laisse pas conter.

Le refuge secret de la spontanéité.

 

On croit qu'il ne s'y passe plus rien.

Que c'est un bateau à la dérive.

 

On laisse s'exprimer la colère et le doute

On recommence sans cesse à zéro.

Le regard se fait de toutes les couleurs

On se parle, sans rien dire

On change d'avis

On ose.

 

Le lieu où je vis avant d'y travailler

Là où je les regarde danser

Celles et ceux qui me remettent à ma place

Qui me voient moi

Et mon sourire

Savent où je veux en venir.

 

Le refuge secret de l'Histoire qui s'écrit

Des histoires inventées

Là où on n'est pas content

Pas non plus endormi.

 

Là où on peut encore empêcher les flics d'entrer.

 

L'école est un champ de bataille

Les portes sont défoncées.

Rien qu'à regarder les traînées de poudre

On sait bien là où ça va péter.

dimanche 13 juillet 2014

Le dehors n'est pas ce qu'on prétend.

Il est temps qu'on se penche

Sur l'existence

Du vide.

 

Nous vivons toutes dans un immeuble en flammes

Impossible d'en sortir

Même si certaines se sentent bien au chaud à l'intérieur.

En tentant une sortie

On se brûle.
Quelle idée ?

C'est bien fait.
Imprudentes

Insensées.

 

Il est temps qu'on se penche

Sur l'existence

du silence.

Nous avons maintenant l'âge de regarder autour

Sur les côtés

Devant et derrière
Et d'apercevoir

L'inexistant.

Le fil

Sur lequel on se faufile

Pour tenter une échappée

Imprudente.

Insensée.

 

Il est temps de se pencher sur l'existence du dehors.

Fermer les yeux

Et se laisser porter par l'attirance.

 

dimanche 11 mai 2014

La non existence. #1

 

 

Assise sur mes envies, je me reconstitue

J'essaie

Les pensées sont censées se bousculer

A force

Avec les yeux qui me piquent

De quoi ai-je l'air ?

 

 

Ils posent le cercueil. On envoie de la terre. Et puis voilà. Il faudra reboucher tout. Un regard inutile vers le trou, parce qu'il faut bien. Et dire qu'après des milliers d'années d'humanité, on en est encore là, à enterrer des corps dans des trous en se figurant qu'ils s'y reposent. Comment pourrait-on se reposer dans un trou...

Il y a deux histoires à partir de là. Il va falloir suivre. L'histoire de celle qui a perdu et l'histoire de celle qu'on retrouve. Il y en aura bien d'autres, après, des histoires, on espère.

 

Brusquement le silence a cogné

Tout le monde s'est rendu compte qu'on ne pouvait plus rien dire

Parce qu'il n'y avait plus rien à dire

Et tout le monde est rentré chez soi.

 

Je n'aurais pas rêvé mieux.
Un jour austère

Pluvieux

Tout ça qui emballe un instant de la comédie humaine.

 

Chacun croit être présent pour l'autre

Mais tout le monde voudrait être ailleurs.

Et au milieu

Ceux à qui tout ça importe peu

Sauf le silence

Et le silence

Qui les envahit.

 

Comment survivre. Ou pas.

 

J'ai pris le temps d'écouter si les choses ont changé autour.

Le monde.

A part le trou qu'on a creusé.

C'est dur à dire

Je ne suis plus vraiment là moi non plus.

Je sens qu'on me tape sur l'épaule

Peut-être quelqu'un.

Je ne mangerai pas quand il faudra manger

Et je ne parlerai pas non plus

Je vous préviens.

S'envelopper dans le silence

Et les laisser faire,

Comme s'ils existaient vraiment.

Comme si la mort n'avait rien de grave

Comme si c'était autre chose que la fin des vivants

Comme si je n'avais pas envie de mourir aussi.