jeudi 29 décembre 2016

D'un autre côté

Je ne trouve plus le sens
N'importe lequel.

Regarder les choses telles qu'elles sont
Rester droite et attendre.

Je m'efforce de comprendre l'extérieur de moi
De faire parler les objets qui gravitent
Je ne sais pas autour de quoi ils gravitent
Je ne suis pas au centre
Je ne le suis plus depuis longtemps.

Mon rocher n'est plus là non plus
Je ne sais plus sur quoi m'appuyer
Qui voudrait rester là sans bouger ?
Qui ne serait pas fuyant
ou emporté par la course des poussières dans le vide ?

J'ai dû faire un pas ou deux avant de me retrouver là.
Des pas assurés.
Maintenant mes jambes tremblent
Je ne peux plus les contrôler
Je pourrais toujours essayer de danser.

Il n'y a plus de musique, est-ce que tout ça est bien utile ?


mercredi 28 décembre 2016

La non existence #5 [Poésie du fond sonore]

La pluie remplit les caniveaux
Elle brasse les matières entre elles
Les gens courent sur le fond d'une vieille peinture désagréable et ordinaire
Les choses se passent comme elle devaient se passer
Tout le monde finit par apprendre ce qui doit animer le fond sonore.

Je suis là où je ne devrais pas être
Je n'arrive pas à entrer dans mes chaussures
On me regarde dans les yeux en me posant une question
On me demande d'expliquer
Le silence a l'air de gêner ceux qui m'entourent
Le silence ne me gêne pas
Mais j'essaie de me montrer gênée
Une main me touche le bras
Une joue contre ma joue
Une perle de sueur coule le long de mon dos
Je pense que je dois parler
Je n'arrive pas à voir si j'ai quelque chose entre les dents
On me regarde dans les yeux en me posant une question
Je sais que je dois parler
Une goutte de sueur glisse sur ma colonne
C'est bientôt à moi de parler
On fait une blague que je ne comprends pas
J'ai l'impression que je ne comprends plus rien
Je pense au repas de demain
Je sais que j'ai les joues rouges
Je sais qu'on voit mes joues rouges
Je sais que ça ne me rend pas crédible
Je dis une ânerie
Je ne me souviens plus du titre du livre que je viens de lire
Je sais que ça ne me rend pas crédible
On fait une blague que je ne comprends pas
Je sais que je devrais rire
On me pose une question
J'aimerais bien ne pas répondre
Je ne mets pas en ordre mes arguments
Dans ma tête je suis déjà passée à autre chose
Je parle mais je voudrais que ça s'arrête
Une goutte de sueur coule sous mon aisselle
mes joues me brûlent
On me dit de ne pas m'emballer
Je bois un verre d'eau
Je regarde ailleurs
Je fais une liste de tout ce que j'aurais pu dire
Je déglutis des centaines de fois
Je m'ennuie
Mes jambes ne tiennent plus en place
Je crois que quelqu'un parle
Je crois qu'on doit l'écouter
Après tout le monde parle en même temps
Je pose une question
Pas que ça m'intéresse
Je ne sais plus comment faire la conversation
Je n'arrive pas à voir si ma transpiration se voit à travers mon tee-shirt
Je pense à ma séance de maths de demain
Je prends un carnet parce que j'ai une idée
Quelqu'un dit quelque chose qui m'intéresse
J'essaie de suivre mais quelqu'un d'autre parle à côté
Le bruit de l'horloge m'empêche de comprendre
Je n'arrive pas à arrêter d'écouter le bruit de l'horloge
Au bout d'un moment je suis en train de compter les secondes
J'arrive à 230 sans m'en être rendue compte
Je n'ai rien écouté et la conversation continue
Je regarde l'heure
Je ne sais pas à quelle heure je peux partir
Je dis que je suis fatiguée
Je pars
Je passe plein de portes
Je ferme les yeux
Je sais que j'ai fait ce qu'il y avait à faire.



vendredi 15 juillet 2016

Il ne peut pas y avoir que la banalité.



Le coin parfait que j'espère sera le plus calme, le plus clair, le plus limpide
J'aurai trouvé les mots justes et les phrases
Et tout sera sans distorsions .

Mes mouvements seront sans peine
Mon corps me fera avancer
Mes yeux verront ce qu'il y a à voir
Les idées s'enchaîneront fluides, sans douleur et sans retour
sans corrections
jusqu'au bout d'elles mêmes

Une branche après l'autre.

J'écris
Et tout à coup, je regarde mes mains
Et j'aimerais entrer à l'intérieur.
Pourquoi est-ce qu'on ne peut même pas voir l'intérieur de soi ?
Comme être moi-même si je ne connais ni mes os, ni mes muscles, ni mes veines
Si je ne vois même pas là où tout ça passe et repasse et fait des nœuds.
Ca tire et ça brûle et je panique.

Le coin parfait que j'espère sera le plus simple, le plus transparent
Je saurai ce qu'il y a à savoir et je pourrai me rassurer.

Je réalise qu'il n'existe pas de mots qui exprime le contraire de la douleur.
Pourtant il y a bien une sensation quand on n'a pas mal.
Ca paraît tellement banal qu'il n'y a pas de mot.
Pourtant les gens qui ont souvent mal doivent ressentir très précisément l'absence de douleur
Quand celle-ci disparaît un temps
Le manque d'un mot est comme un précipice.

J'aimerais trouver le coin parfait
Où tout serait hors du commun
Observable et sans bornes
Les chemins faciles à emprunter
Dont on pourrait apprécier sans réserve le tracé continu, imperturbable et sans ambiguïté.

jeudi 14 juillet 2016

Brisures

Attends un peu que cet avenir dont on parle encore vienne à s'essoufler
Et que nos rêves s'apprêtent déjà à valser
Qu'un repos qu'on croit lointain commence à semer
Ses silences
Ses regrets.

Et cet homme en chemin qu'on dit avoir croisé
Son pas lourd
Et cet instant sans fin
Ce souvenir qui nous sert en retour l'image de ce qu'on craint
De ce qu'on va craindre
Par dessus tout
Demain
Et encore demain.

Et rien ne sert
Rien ne doit servir d'excuse
Juste le temps qui fuse
Juste le temps.

dimanche 26 juin 2016

Un autre coin d'abri

Une nuit j'ai rêvé du silence qu'il pourrait y avoir.
Je me suis réveillée et j'ai attendu en me bouchant mes oreilles.
Et puis j'ai retiré mes mains
Et je me suis dit qu'il était temps de faire comme chaque autre matin.

mercredi 16 mars 2016

La non existence #4

 

Je suis nue

Je n'ai pas de feu

Rien pour en faire

Plantée là

Et c'est bien fait.

 

Et soudain je me demande ce que je fais là. Je ne trouve pas de réponse. Je ne trouve pas de consolation. Je cherche en vain des murs à construire. Je cours dans tous les sens en me cognant partout. Le sol est comme de l'eau. Je disparais.

Quand on devient adulte, vraiment adulte, on ressent petit à petit les morceaux qui nous ont formés. Plus jeune, on s'en fout un peu, on se croit libre et encore vide de tout, mais ensuite on est bien obligé de constater que bien des choses se font lourdes. Et plus on veut avancer plus on se les traîne comme des boulets.

 

Parfois, on hérite de l'angoisse et de l'agitation sans fin.

Je n'ai jamais su quoi faire avec ça.

 

vendredi 26 février 2016

De retour du non retour

A l'ombre de ce que je nomme l'effroi

Il y a une rive qu'on appelle Terre

J'y prenais place auparavant

Les pieds près de la racine des fleurs

Et les jours qui coulaient en rivière

Tu crois qu'un jour tout a foiré?

 

J'ai fait des rêves sans queue ni tête

J'ai tenté de quitter mon corps

J'ai noirci des feuilles et du temps

J'ai fait tout ce qu'il y avait à faire

Je n'ai pas tout compris encore.