J'ai commencé un jour, je ne sais plus quand, à détester mon corps. Du coup, c'est un peu comme avoir constamment un problème.
Mon corps se déplace d'un endroit à un autre, il me transporte, me véhicule. J'aimerais pouvoir en descendre, mais ça n'existe pas.
Le corps est là et j'aimerais qu'il soit à moi.
Je voudrais vivre en-dehors
Mais je ne sors pas de l'intérieur.
C'est comme être piégée dans un corps
Étrange et étranger
Qui violente la volonté
Affame
Et pousse à bout.
Des images de l'extérieur m'appellent
Mon corps s'isole et se rétracte quand il est touché.
Il est comme une mue qui résiste et se fait plus épaisse.
J'étouffe.
J'ai mal partout.
Tout ça tourne en rond depuis si longtemps. J'ai l'impression que toutes les questions qu'on se pose s'empilent sans qu'on puisse jamais y répondre. C'est l'enfer au bout d'un moment.
Suite à ça, j'ai continué encore à me regarder dans la glace en y voyant autre chose que moi. J'ai beau faire ce que je peux, ce qui est à l'intérieur n'arrive pas à sortir. Les paroles sont niaises, les rires crispent la mâchoire, les cris sont inexistants, tout est fade et contradictoire. Je ne suis jamais d'accord avec le moi de la veille, j'ai peur d'être en guerre avec celui du lendemain.
Mais ce n'est pas important. Surtout pas pour ceux et celles qui sont à l'extérieur de moi.
De quoi ai-je l'air ?
Au centre, une femme est allongée au sol
Elle ne bouge que par moments
Et fait courir ses mains sur son corps
D'une manière très désordonnée
Elle bouge puis s'immobilise.
Les caresses paraissent des frottements
Par moments
Puis il ne se passe plus rien
Elle se contente de sentir le sol sous son corps
La terre qui la soutient
Son poids devient rapidement insupportable
Et soudain elle se tord et cherche à se lever
Comme si le sol n'existait plus.
Et il n'existe plus.
Qu'est-ce qui nous porte vraiment sous nos pieds ?